L’évaluation complète effectuée par un docteur en chiropratique a permis d’écarter des conditions plus graves, telles que des hernies symptomatiques et de l’arthrose symptomatique. Les signes vitaux ont été pris, incluant l’auscultation des vaisseaux sanguins, la prise de la pression artérielle, l’évaluation cardiopulmonaire, ainsi qu’un examen neurologique complet ont tous été dans les limites de la normale.

Cependant, certains tests orthopédiques ont permis d’identifier des régions du cou plus sensibles que d’autres. Cette sensibilité musculo-articulaire révélée lors des tests démontre les composantes les plus susceptibles de devenir irritées en présence d’une surcharge mécanique ou psychologique, comme c’est souvent le cas dans la douleur chronique primaire. Il s’agit d’un phénomène où le corps garde en mémoire qu’il y a déjà eu un problème dans cette région. Et avec l’évitement progressif des activités physiques, l’entretien de pensées négatives, la présence de drapeaux jaunes et l’adoption d’un mode de vie plus sédentaire, la sensibilité s’amplifie avec le temps, rendant la zone de plus en plus intolérante aux stimulations normales.

⚠️ Note importante : les stresseurs mécaniques (comme une surcharge liée à une activité physique mal dosée, au travail, à la maison ou dans les tâches quotidiennes) combinés à la surcharge psychologique (telle que la dépression, l’anxiété, le stress, la surcharge mentale, la peur ou les pensées négatives) constituent les facteurs de risque les plus importants, avec la sédentarité, pour sensibiliser davantage une région déjà vulnérable et piégée dans un cycle de douleur chronique primaire invisible.

On a expliqué à la patiente ce qu’est la cervicalgie chronique primaire. Un travail approfondi d’éducation sur la douleur a été entrepris pour amorcer des changements positifs, briser les drapeaux jaunes présents dès l’évaluation et lui redonner progressivement de l’autonomie vis-à-vis de sa santé neuromusculosquelettique.

Nous lui avons aussi fourni les références vers les vidéos du Dr. Julien Boisvert, chiropraticien, qui a réalisé une mini-série sur la douleur chronique sur YouTube — un outil essentiel pour mieux comprendre les distinctions entre douleur aiguë et douleur persistante.

⭐️ Un point essentiel à retenir : l’information et l’éducation autour de la douleur sont les piliers de tout changement positif chez les personnes prises au piège par une douleur invisible

⚠️ Autre point important abordé avec la patiente : tous les traitements conservateurs passifs (c’est-à-dire lorsqu’un thérapeute agit sur elle, que ce soit par des manipulations, des mobilisations, du travail des tissus mous ou du massage, peu importe la méthode) sont très utiles pour le soulagement temporaire lors de périodes d'exacerbation (l'augmentation temporaire de la sensibilité chronique primaire). Cela dit, ils auront peu d’impact à long terme sur la désensibilisation progressive de la région si rien n’est modifié dans le mode de vie.

Le rôle d’un docteur en chiropratique est de soulager momentanément grâce aux approches conservatrices, mais surtout d’outiller le patient avec des conseils d’autonomie et d’autogestion, afin de développer une vision plus objective et positive de la douleur chronique. Il s’agit aussi de faire le deuil d’une vie sans douleur, et d’adopter des changements d’habitudes de vie et de perspective pour mieux tolérer la douleur, jusqu’à ce qu’elle devienne de plus en plus gérable à long terme.

En résumé, il s’agit d’amorcer une modification dans les circuits d’information et d’interprétation de la douleur, pour rendre cette dernière plus tolérable avec le temps.